Un article dans un journal a attiré mon attention ; après la lecture je me suis rendu compte que ce Dr Mikolo exprimait exactement ce que je pense, mais dit par un congolais cela a plus de poids.
Malgré que cet article, rediffusé, date de 2005, il n’y a vraiment rien à changer, il n’en a que plus de valeur !
Article (reprise) du journal Jonction N° 115 du 13 octobre 2014
TRIBUNE :
De la résignation à la conscientisation par le Dr Sofia Mikolo
PLUS D’UNE PERSONNE n’ose se représenter la réalité de son environnement ou de ce qu’elle est. Très souvent, on se cache dans une innocente irresponsabilité tout en culpabilisant les autres. Un tel comportement mène la plupart du temps à une résignation car écrasée par la nature ambiante de son monde. Cette situation est vécue comme destin « prédestiné » dont la solution ne peut venir que d’ailleurs pour ne pas citer le Bon Dieu pour le croyant. Il est indéniable que Dieu a donné toutes les capacités à l’homme de pouvoir maitriser son environnement sain pour son épanouissement.
A nos jours, le concept de fatalité gagne de plus en plus les hommes incapables de se faire un chemin, de trouver et réunir des contraintes possibles pour contourner les obstacles à leur épanouissement. La notion d’une alphabétisation « conscientisante » s’impose et trouve un groupe moteur pré-conscientisé, regroupé sur des intérêts communs par cooptation de militant, acteur dans le milieu.
Ce groupe sera constitué des hommes porteurs de projets, optimistes et convaincus.
« L’homme ne peut changer le monde que s’il sait que le monde peut être changé et qu’il peut l’être par lui ». De façon générale, aucun congolais ne se sent responsable de la destruction de ce pays, ce sont les autres qui en sont responsables et les solutions ne peuvent venir que de l’Etat et pourquoi pas des occidentaux qui, dit-on, ont une décision sur notre destinée. Ce comportement irresponsable risque de bloquer toute initiative constructive et rendre dépendant l’esprit créatif de notre société. Nous devons briser ces schèmes mentaux qui nous lient pour adopter une attitude responsable. Il est grand temps que le Congolais prenne son destin en main, qu’il se mette en face de la réalité du vécu quotidien par examen introspectif pour bâtir et baliser cette nation au lieu de se réfugier dans des croyances du destin de l’Etat. Sans parler des occidentaux ou l’homme blanc.
Une cure drastique de désaliénation s’impose pour rendre le Congolais utile et conscient de ses problèmes afin qu’il trouve des solutions endogènes les plus appropriées pour faire face à son destin. Une telle démarche ne s’opère pas par coup de baguette magique mais par l’engagement des gens pré conscientisés, convaincus du changement de ce pays par les Congolais. Un processus difficile certes, mais pas impossible. La culture de la Loi du moindre effort et de la facilité doit désormais laisser place aux principes de « travail égal, salaire égal ». Il faut donc plus des actions que des recommandations théoriques et très souvent irréalistes issues des ateliers, séminaires comme nous en avons l’habitude et spécialité.
En réalité, en cette période de transition, le peuple congolais fonde beaucoup d’espoir de sortir de ce marasme par le programme de redressement du gouvernement dans moins de deux ans. Rêve et mirage. Un pays plongé dans une crise profonde de plus de trente ans, ne peut se refaire dans un temps record. Et nous sommes même pessimistes quant au fonctionnement normal des Institutions mises en place dans le délai fixé par la transition. Les élections, n’en parlons même pas ; question de faire bonne conscience au peuple et surtout de calmer le jeu des politiciens. Il y a donc du pain sur la table de la culture développée il y a une dizaine d’années des dons, des humanitaires, urgences, food woork…nous a endormi et a développé en nous le réflexe de tendre la main pour demander de l’aide à ceux-là même qui sont considérés comme source de notre malheur. La prolifération des ONG locales en est l’illustration ; voie indiquée pour canaliser les aides. En réalité, ces ONG, la plupart n’ont aucune expertise requise pour ce genre de travail.
Ce pays ne retrouvera jamais son chemin de prospérité par des dons mais par le travail des hommes engagés pour la cause noble à partir de projets de société mobilisateurs et réalistes. Mettons nos laboratoires de division et de haine au service de la paix et du bien-être de tous. Un pari que le Congolais doit s’approprier pour arriver à sortir victorieusement du tournant actuel de l’histoire de notre pays qui a besoin de l’appui et de l’engagement de ses fils pour arriver à reconstruire ce beau pays où il fera beau vivre sans exclusion ni xénophobie dans un brassage intellectuel et culturel favorable à son développement.