femmes porteuses
Lors d’une discussion au sujet de l’émancipation des femmes dans notre société, un des hommes a dit que nous, en occident, nous éduquons mal nos femmes. J’ai demandé qu’il précise sa pensée.
D’après ce que nous voyons à la tv, les femmes travaillent et gardent l’argent pour elles ; chez nous si une femme gagne 100$, il faut qu’elle pose les 100$ sur la table ; mais chez vous on voit qu’elles commandent et se rebiffent.
J’ai fait remarquer qu’il fut un temps où les esclaves revendiquaient des droits pour une justice et droits à la liberté, les femmes agissent de même, si elles se sentent esclaves. Si elles doivent poser les 100$ sur la table et que l’homme en fait autant, cela s’appelle de l’équité, dans le cas contraire, c’est unilatérale et c’est de la dictature.
Trouvez-vous normal, au fond de vous, de laisser le travail pénible aux femmes ? Comme vous êtes tous religieux, vous avez toujours des versets bibliques comme « la femme doit être soumise à l’homme».
Vous considérez que la femme n’est pas l’égale l’homme, donc qu’elle lui est inférieure et à ce titre elle a droit à toutes les corvées. Vous vous plaignez que les femmes ne comprennent rien, qu’elles sont compliquées. Mais reconnaissez que le manque d’éducation y est pour beaucoup. Si vous avez du mal à les comprendre, c’est qu’elles sont votre miroir. Dites-vous qu’elles réagissent en fonction de vous. Si vous y mettez plus de justice et d’équité, vous verrez qu’elles changeront de comportement.
Vous dites que l’homme est plus fort que la femme, donc elle doit le respecter, mais je constate qu’au Kivu, c’est la femme qui a remplacé la Toyota ; la coutume, la tradition fait que de la grand- mère à la petite fille, toutes sont éduquées aux travaux lourds pour toute la durée de leur vie et le formatage fait qu’elles trouvent cela normal.
famille
Une fille de 20ans qui transporte sur ses reins un sac de manioc de 100kg, vous trouvez ça normal. Il ne vous vient pas à l’idée qu’elles sont esclaves, vous préférez dire : « ça a toujours été comme ça » ; oui à l’avantage de l’homme, pas d’équité.
Fille 20ans
sac de manioc de 100kg
Vous savez, les femmes, dans une grande partie de l’Afrique, ne connaissent pas leur pouvoir. Dites-moi, si demain, toutes ces femmes décident de rester 3 jours au lit, que se passerait-il ?
Ils reconnaissent que c’est foutu !
C’est la femme, en majorité, quel que soit son âge, qui va chercher l’eau, le bois de chauffe, qui va aux champs, qui prépare la cuisine, qui s’occupe des gosses. En clair, c’est la femme qui fait tout et l’homme qui gère (quoi ? on n’en sait rien, mais il gère).
Sur le site de l’éco-village, j’ai mis un peu la révolution. Il y a 3 femmes dans le groupe des 14 bénévoles. Lorsque les bidons sont vides, il faut aller chercher l’eau au lac, descendre et remonter avec le bidon de 20l et je sais que c’est pénible pour l’avoir fait. Lorsque les hommes ont fini l’eau pour humidifier la terre, ils demandent aux femmes qui sont en train de coudre les sacs, d’aller chercher de l’eau. Leur réponse a été « le muzungu (le blanc) va lui-même chercher l’eau, faites en autant. J’ai dit aux hommes que j’étais désolé d’avoir amené un peu de justice et d’équité dans ce groupe.
D’autres me posent la question de la dote en France. J’ai répondu que cette pratique est révolue car la femme a compris qu’elle n’était pas une marchandise.
Exclamation générale ! Mais alors on peut prendre n’importe qu’elle femme chez vous ? Je précise que si les deux concernés sont d’accord pour faire vie commune, alors ils se mettent ensemble.
- Ah bon, sans l’accord de la famille ?
- Ce n’est pas la famille qui se marie mais le couple.
- Ici c’est impensable !
J’ai demandé qu’est ce qui se passe si le couple ne veut plus vivre ensemble, est ce que l’homme peut accepter de laisser la femme partir ?
- Ah non !
- Je pense que c’est normal vu que vous l’avez acheté 3 ou 4 vaches, donc vous demandez un remboursement.
- Oui ! si un autre homme la veut, il nous rembourse la dote.
Je constate que vous êtes tous dans la religion, mais dans tout ce que vous faites, il n’est jamais question d’amour. La femme est contente de savoir qu’elle représente 3 ou 4 vaches alors que dans les textes de vos religions il est dit que la vie n’a pas de prix. C’est en contradiction flagrante.
Vous me dites que vous ne pouvez pas rester plus d’une semaine sans femme ; précisez : sans une femme ou sans votre femme ?
- Sans notre femme !
Donc ce n’est pas un problème physique, mais uniquement fonctionnel ; c’est en fait la Toyota qui vous manque, car sans elle vous êtes foutus !
Ils ont reconnu qu’effectivement c’est la vérité ; et j’ai noté qu’on ne parle toujours pas d’amour ; attendez-vous à ce que les femmes changent le monde et l’Afrique en particulier. Il faudra que les hommes le comprennent et que leur conscience s’ouvre, car c’est de l’avenir de vos enfants qui est en jeux.
Je sais que vous ne vous souciez pas de l’avenir de vos enfants car quand on se met à procréer des tribus de 10 à 12 gosses, le sens des responsabilités n’entre pas en jeu, mais toujours la nécessité.
Vous dites que les enfants sont votre « richesse », mais on ne sous-entend pas de l’avenir du pays, mais juste l’intérêt des individus.
Vous pensez qu’avec 12 gosses, il y en aura bien un qui pourra assurer votre vieillesse, car vous n’avez pas de sécurité sociale ni de retraite consistante. Comme vous avez des champs à cultiver, donc c’est une main d’œuvre gratuite.
Encore une fois, l’amour disparait au profit de l’intérêt.
Vous vous réfugiez derrière le verset biblique qui dit : « multipliez-vous » ; mais qui ne vous donne pas la recette pour nourrir, habiller, soigner, éduquer toute votre tribu.
Savez-vous que le mot progrès ne rime pas avec coutumes et traditions. Il vous faudra choisir. Soit faire le ménage dans ce qui n’est plus d’actualité, soit s’y accrocher et alors ne plus parler de progrès.
Encore une fois ce choix vous appartient, on ne peut le faire à votre place.
On s’en doute que vous voulez le beurre et l’argent du beurre, pour conserver vos avantages, mais ce n’est pas comme ça que cela fonctionne.
Le contact avec les touristes vous fera comprendre certaines choses, notamment que les femmes que vous rencontrerez seront loin d’être soumises et encore moins des Toyota.
- Si elles sont célibataires on pourra les marier ?
- Uniquement si elles acceptent, sans contrainte. Mais il ne faut pas rêver quand même car ce n’est pas une Toyota esclave, mais une femme libre et indépendante, je ne pense pas qu’elle fasse l’affaire.