L’enseignement au Sud Kivu
M. Bakenga Matabaro Dieudonné, Chef de Travaux et Directeur Général de l’Institut Supérieur Pédagogique de Walungu m’a réitéré, par écrit, sa demande d’aide au niveau des enseignants volontaires susceptibles de venir renforcer l’éducation de ses étudiants.
Nous lui avions précisé que pour PUVM, l’éducation était la priorité N°1 en Afrique et à ce titre le DG aimerait que nous fassions tout notre possible pour trouver des enseignants volontaires afin de transmettre des savoirs et connaissances dans des domaines où les animateurs de ces cours font défaut, principalement comme il l’a précisé dans sa lettre, la branche Tourisme et Hôtellerie.
Nous tenons à mentionner que ces volontaires seront bénévoles car l’ISP n’a pas les moyens de prendre des salaires en charge. Mais nous avons été informés que le gite et le couvert seraient tout de même assurés par les soins.
Cette demande s’adresse à tout enseignant ayant les compétences requises dans les domaines cités, quel que soit son âge ou son sexe, pouvant assurer des cours sur plusieurs mois, pour ne pas pénaliser les étudiants avec un séjour de trop courte durée.
L’Afrique étant ce qu’elle est, il vaudrait mieux être en parfait état de marche, sur le plan santé, ça éviterait d’avoir recours à l’infirmier du coin ; au pire il y aura l’hôpital de Bukavu qui n’est qu’à 55km, de piste. La MONUSCO a établi un contingent renforcé à Walungu et ils doivent nécessairement avoir leur service médical que nous pourrions utiliser en cas d’urgence.
Pour ceux (celles) qui seraient intéressés (es) vous pouvez me contacter par mail à l’adresse indiquée sur le site : puvm.france@gmail.com et je me ferais un plaisir de répondre à vos questions.
Toujours dans le domaine de l’éducation, Patrick qui est prof de chimie à l’ISP de Walungu est aussi prof au Collège d’Ibanda à Bukavu.
Ce bâtiment construit par les belges avant les années 50 est une solide structure de briques et de pierres avec de beaux restes.
Une partie de l'ensemble
Patrick m’a expliqué que du temps de la colonisation, cet établissement était le plus important de la région ; tous les autres instituts venaient dans leur laboratoire pour les expériences pratiques, mais à l’heure actuelle leur labo n’existe plus. Il a donc voulu me faire visiter l’établissement, son labo chimie, celui de son collègue biologiste et ensuite il me présentera à leur Préfet.
Effectivement son labo n’a que le nom. Patrick m’a dit qu’il voulait se débarrasser de tous ces produits mais que les autorités ont prévenu que la procédure demandait à ce qu’on avertisse tel ministère et tel autre ministère, donc il valait mieux ne pas bouger ; depuis l’indépendance, ça fait quelques années ; les pillages, lors de la prise de Bukavu (quelques années seulement) ont aussi laissé leurs empruntes.
Patrick dans son bureau dépot
Reliques de l'indépendance
Au bout de quelques minutes j’ai eu une irritation aux yeux et je lui ai dit qu’il y avait des émanations de gaz qui se dégageait de tous ces flacons et que c’était, d’une part, nocif pour la santé mais que d’autre part ça pouvait être dangereux. Il est bien placé pour savoir que le mélange de certaines substances peut produire des réactions explosives et avec des élèves dans la classe à coté, c’est prendre des risques inutiles.
Il m’a dit « j’en suis conscient mais je n’arrive pas à convaincre les autorités qu’elles doivent agir ».
- J’ai ajouté que des apprentis terroristes peuvent s’en donner à cœur joie avec tous ces flacons, c’est aussi à prendre en compte.
Dans la salle jouxtant son bureau, des élèves planchaient sur les derniers examens de l’année. Patrick m’a dit que c’était devenu une salle de classe mais qu’en fait c’est le labo chimie.
Restes du labo
Après cette visite, il m’entraina du côté de la biologie ; même constat de délabrement, de manque de matériel pour enseigner correctement.
Son collègue Luc m’a confirmé que leurs cours n’étaient que des cours théoriques et que les élèves ne pouvaient même pas passer à la pratique car les microscopes ne sont plus en état.
Il reste des squelettes
Photos du labo biologie
Ayant fait le tour des labos, Patrick et Luc m’ont conduit auprès du Préfet. Celui-ci m’a donné quelques chiffres : Les Bâtiments complets représentent la Maternelle, les Primaires, les Secondaires ; il y a même un pensionnat dans le bas vers le lac ; celui-ci est vide par manque de moyen.
Je lui ai dit que la taille des pièces pouvait permettre de jouer au badminton sans problème et les joueurs seraient protégés du vent. Il va voir ce qu’il pourra faire dans ce sens pour la promotion de ce sport chez les filles.
Il a poursuivi en disant qu’ils ont approximativement dans les 5000 élèves, dont 2143 pour le Secondaire avec 41 classes. Aujourd’hui ils ont leurs examens de fin d’année ; le rattrapage sera vers le 20 juin.
Le Préfet et Patrick
Le Préfet m’a demandé s’il serait possible de trouver de l’aide pour eux à l’extérieur. Ce bâtiment était appelé le collège royal car il dépendait directement du roi des belges.
A l’indépendance il est passé sous la tutelle de l’état et ne nous recevons pas les subsides nécessaires pour réhabiliter nos locaux et entretenir notre matériel. Plusieurs organes étatiques nous grignotent du terrain faisant partie du collège. Je me débats avec le HCR qui nous a spolié notre terrain de foot pour en faire un camp de transit pour les réfugiés candidats au retour au Rwanda.
Camp de transit HCR sur le terrain de foot
Comme d’habitude, les personnes que je rencontre mettent beaucoup d’espoir en PUVM, pour résoudre des problèmes qui bien souvent sont du ressort de l’état.
J’en profite toujours pour leur expliquer comment fonctionne notre société, que le flux a l’air d’aller du nord vers le sud, mais que c’est un leurre car en fait il va bien du sud au nord ; donc il y a une volonté de bloquer les systèmes, surtout scolaires, car une personne instruite est une personne qui finit par revendiquer et même se rebeller, ce que tous les gouvernements cherchent à éviter absolument.
Donc si parmi les lecteurs certains ont des idées sur la façon de venir en aide à ce collège, n’hésitez pas à nous en faire part, merci d’avance.